La luzerne, reine des plantes fourragères
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© Joël Bellec
Gilles Guilloux élève une soixantaine de vaches laitières à Saint-Gildas. Pour les nourrir, il cultive depuis près de 20 ans de la luzerne. Cette plante fourragère présente, selon lui, de nombreux avantages. « Comme elle est riche en protéines, j’ai pu réduire la quantité de soja et limiter ainsi mes achats extérieurs, explique l’éleveur. La luzerne joue aussi un rôle mécanique dans le rumen [l’estomac des vaches] et améliore la santé et le bien-être de mes animaux. »
Ses vaches pâturent la journée et retrouvent dans leur ration journalière du maïs, de la luzerne et du soja. Pour ses génisses, Gilles Guilloux réalisent un mélange qui lui permet d’éviter les aliments premier âge, deuxième âge… « C’est beaucoup plus simple et moins stressant pour les bêtes car j’utilise la même préparation jusqu’à leurs 6 mois. »
Sur ses 6 hectares de luzerne, l’agriculteur va pouvoir réaliser quatre à cinq coupes dans l’année. « Le rendement est intéressant: environ 10 tonnes de matière sèche par hectare », précise-t-il. La luzerne est maintenue environ 5 ans sur une surface et nécessite peu d’engrais et de produits phytosanitaires. « On ne désherbe souvent qu’au semis », poursuit Gilles Guilloux. Et elle permet une rotation des cultures (maïs, blé, orge, colza) pour ne pas fatiguer les sols.
« La luzerne, dont les racines sont profondes, permet de garder un sol assez meuble, indique-t-il. Elle capte l’azote, en partie responsable du développement des algues vertes en mer, et les rend plus fertiles. Elle résiste enfin bien aux fortes chaleurs, de plus en plus fréquentes. »
Ses inconvénients : « Le semis est délicat car on doit inoculer une bactérie à la semence. Il faut semer le soir pour ne pas "tuer" la bactérie et s’assurer aussi que le PH de la terre est assez élevé. »
Cependant les atouts l’emportent sur les contraintes. C’est pour cette raison que Gilles Guilloux est impliqué dans Armor Déshy, projet de création d’une usine de déshydratation des fourrages dans l’agglomération. « Cela me permettrait de déléguer une grande partie du travail: couper, transporter, sécher, préparer en bouchons ou en brins courts, conditionner, rapporter et vendre si on a besoin d’ajuster les stocks. »
L’Agglomération a contribué au lancement du projet car il apporte une réponse à la prolifération des algues vertes, au défi climatique et environnemental de l’agriculture locale et demeure fondé sur un modèle économique juste. Aujourd’hui, l’avenir de l’usine de déshydratation est confié à une société coopérative d’intérêt collectif qui doit recueillir l’engagement d’environ 100 agriculteurs.